J’ai écrit ce texte il y a quelques semaines, sur un quai de Montparnasse. Je ne l’ai pas relu jusqu’à ce matin. Il est un réveil.
Ce qui me fouette, ce qui me fait rire sur un quai pluvieux de Montparnasse, ce qui me transporte, ce qui m’écorche. Et si tout cela comptait plus que tout le reste. Me reconnecter enfin à mes émotions. Ne faire plus qu’un avec cette sensibilité qui m’écorche et que j’endors la plupart du temps. Et si c’était ça vivre ?
Ressentir tout en même temps et ne plus savoir si on aime ou si on brûle. Trois notes de musique dans mon casque et me voilà replongée dans un souvenir brûlant. Comme un rappel à revivre soudain ce qui n’était plus. Je m’enfonce dans les émotions passées et je jubile. La pluie bat sur mon visage, mes chaussures glissent et l’odeur mouillée des rails métalliques m’envahit. Je ne suis plus que sensations, matière. Un amas d’électrons qui vibrent en communion avec le monde.
La vie me rappelle. Je me jure d’arrêter Netflix et les réseaux sociaux. Je me fais cette promesse pour ne plus sombrer dans l’oubli. Cet état sous sédatifs dans lequel je me plonge du lundi au dimanche. Wagon 15, je m’engouffre. L’odeur familière de la moquette grise et des fauteuils se mêle au tourbillon qu’est mon corps. Je vibre, enfin, et me voilà partie. Le paysage défile devant mes yeux et tout s’accélère à mesure que le géant de fer s’enfonce dans la nuit. Assise, entourée de monde mais seule, j’entame une épopée salvatrice. Comme une délivrance, un réveil, un rappel à vivre. Plus fort, plus ancrée, plus puissante.
